Le traitement des troubles du spectre autistique (TSA) est limité et des médicaments comme la rispéridone et l’aripiprazole ont des effets indésirables. De meilleures thérapies sont nécessaires étant donné la prévalence croissante des TSA dans la population générale. Des essais cliniques récents avec la neurohormone ocytocine ont fourni des résultats controversés, et les bénéfices rapportés avec l’hormone similaire vasopressine ont suscité la confusion lorsqu’ils ont été reproduits avec un antagoniste des récepteurs de la vasopressine. Nous avons postulé que les effets cliniques mixtes avec ces neuropeptides pourraient résulter d’actions co-dépendantes sur des neurones qui dirigeraient un comportement pro-social tout en supprimant d’autres réponses anti-sociales.

Dans un article publié dans la revue Cell Reports Medicine, l’équipe « Hormones, stress et plasticité » animée par Freddy Jeanneteau a identifié des neurones localisés dans le septum latéral qui répondent à la libération de vasopressine et d’ocytocine, et ce selon le degré d’affiliation des pairs. Il s’agit d’une part de neurones inhibiteurs somatostatinergiques, exprimant des récepteurs à l’ocytocine dont l’activation stimule une voie de signalisation ciblant des récepteurs GABAB. La stimulation par la vasopressine met en jeu d’autre part des neurones GABAergiques dont la libération de GABA active des récepteurs GABAA situés sur les neurones somatostatinergiques. Ensemble, l’ocytocine et la vasopressine suppriment l’activité somatostatinergique. L’injection de somatostatine a provoqué l’interruption prématurée des contacts sociaux, tandis qu’un antagoniste a prolongé la durée de ces contacts, de manière similaire aux effets des traitements à la vasopressine et à l’ocytocine. En revanche, chez les animaux modèles de TSA, les neurones à somatostatine sont dépourvus de récepteurs à l’ocytocine, induisant ainsi un état hyper-somatostatinergique, une résistance au traitement à l’ocytocine et une cessation prématurée des contacts sociaux.

Ces résultats plaident en faveur de l’utilisation d’une thérapie combinée utilisant l’ocytocine et la vasopressine pour supprimer l’état hyper-somatostatinergique associé au phénotype des TSA. Plus encore, l’utilisation d’antagoniste de la somatostatine pourrait être une alternative viable aux thérapies à base de vasopressine et d’ocytocine pour traiter les déficits sociaux, et ce dans les maladies neuropsychiatriques caractérisées par une résistance endocrinienne due à l’appauvrissement des récepteurs de l’ocytocine dans le cerveau.

Cette étude vient d’être acceptée pour publication dans le journal Cell Reports Medicine.

Dans des modèles d’autisme expérimental, les neurones somatostatinergiques du septum latéral présentent un état hyper-somatostatinergique, ce qui déclenche l’arrêt des contacts sociaux. Cela est dû à l’appauvrissement des récepteurs de l’ocytocine dans ces neurones à somatostatine, qui empêche le contrôle inhibiteur par l’ocytocine (libération en présence des partenaires), mais aussi par son co-régulateur, la vasopressine (libération en présence des étrangers). En contournant la résistance à l’ocytocine et la dépendance à la vasopressine, les antagonistes de la somatostatine seraient une option thérapeutique viable pour traiter les déficits sociaux de l’autisme.